Blé
Le blé d'hiver est la culture arable la plus étendue en France (environ 30% de la sole arable) et en Europe |
Blé d'hiver
Caractéristiques générales
Le blé d'hiver est la culture arable la plus étendue en France (environ 30% de la sole arable) et en Europe.
Bien que sensible à l'excès d'hydromorphiehydromorphieDéfinition: Évolution d'un sol, dépendant du régime hydrique, marqué par un engorgement, au moins saisonnier, de certains horizons ou du profil entier, provoquant une privation d'oxygène....
, le blé est une culture qui peut se satisfaire d'une très grande variété de sols et de conditions climatiques.
Les céréales comme toutes les graminées sont très sensibles au statut de nutrition azotée du sol. Le blé est donc généralement positionné dans la rotation en succession d'une culture laissant des fournitures d'azote importantes.
Courbe type d'absorption - Blé 88q/ha
(valeurs pour la plante entière : parties aériennes + racines)
(1) épi 1cm (2) épiaisonépiaisonDéfinition: Sortie de l’épi hors de la gaine chez les céréales....
(3) floraison (4) grain laiteux
Source : Centre de recherches d'Aspach, Ministère de l'agriculture
Calcul de la fertilisation
Le calcul est réalisé séparément pour l'azote selon la méthode COMIFERCOMIFERDéfinition: Comité français d'études et de développement de la Fertilisation raisonnée...
du bilan prévisionnel et pour le phosphore et le potassium selon une autre méthode COMIFERCOMIFERDéfinition: Comité français d'études et de développement de la Fertilisation raisonnée...
utilisant les exportations comme base de calcul.
Calcul de la fertilisation azotée
Exportations des principaux nutriments
Blé tendre | Exportations |
Export. |
|
grain | paille | ||
80 q/ha | 4 t/ha | ||
En kg de N /ha | 144 | 26 | 170 |
En kg de P2O5 /ha | 52 | 7 | 59 |
En kg de P /ha | 23 | 3 | 26 |
En kg de K2O /ha | 40 | 50 | 90 |
En kg de K /ha | 33 | 41 | 75 |
En kg de SO3 /ha | 27 | 5 | 32 |
En kg de S /ha | 11 | 2 | 13 |
En kg de MgO /ha | 10 | 3 | 13 |
En kg de Mg /ha | 6 | 2 | 8 |
Sources :
N : Comifer 2013 (Table des exportations azote)
P, K, Mg : Comifer 2007 (Teneurs en P, K et Mg des organes végétaux récoltés)
S : Kali K+S
Azote : méthode du bilan prévisionnel
Le raisonnement de la fertilisation azotée du blé doit intégrer trois critères :
- la dose totale,
- le fractionnement
- la forme de l'engrais.
La dose totale à apporter est calculée selon la méthode du bilan prévisionnel (Comifer)
Elle correspond à la différence entre les besoins de la plante et les fournitures du sol en azote. Ces fournitures comprennent principalement le reliquat d'azote en sortie d'hiver (RSH), la minéralisationminéralisationDéfinition: Transformation de la matière organique qui conduit à la formation de sels minéraux où les éléments fertilisants deviennent solubles et accessibles aux plantes....
des résidus du précédent, les arrière-effets des effluents, et la minéralisationminéralisationDéfinition: Transformation de la matière organique qui conduit à la formation de sels minéraux où les éléments fertilisants deviennent solubles et accessibles aux plantes....
des matières organiques du sol. Le besoin total en azote se calcule à partir de l'objectif de rendement et du besoin unitaire du blé en azote qui varie selon les variétés, de 2,8 à 3,6 kg par quintal produit.
Le fractionnement
La cinétique d'absorption du blé en azote n'est pas linéaire : faible en début de cycle, les besoins en azote augmentent à partir de la montaison pour atteindre un pic entre les stades «2 nœuds» et «floraison». Il est donc nécessaire de fractionner l'azote, cela permet de suivre au plus près les besoins en azote du blé tout au long de son cycle. Il est prouvé que le fractionnement en trois apports est une stratégie efficace pour viser à la fois des hauts rendements et des fortes teneurs en protéines. Aujourd'hui, pour atteindre des hauts niveaux de rendements associés à des objectifs précis de teneur en protéines du grain, un fractionnement en 4 apports se développe. Le 4ème apport se positionne alors vers le stade « dernière feuille étalée/épiaisonépiaisonDéfinition: Sortie de l’épi hors de la gaine chez les céréales....
».
Outils de pilotage et ajustement possible des derniers apports
En pratique, la dose totale peut varier au moins de ± 40 kg d'azote N/ha par rapport au calcul du bilan prévisionnel. Il faut donc réajuster la dose d'azote, c'est ce qu'on appelle le pilotage.
Le diagnostic de nutrition proposé par les outils doit être suffisamment précis. Son interprétation conduit aux bonnes décisions dans la majorité des situations.
Pour estimer le besoin nutritionnel de la plante il faut des indicateurs : croissance, biomasse, couleur des feuilles, teneur en nitrate des tiges ou pétiolepétioleDéfinition: Pièce foliaire, reliant le limbe à la tige. Le pétiole a la structure interne d'une tige. C'est l'équivalent du pédoncule pour le fruit....
s, teneur en chlorophyllechlorophylleDéfinition: La chlorophylle est le pigment photosynthétique le plus commun du règne végétal ; il est présent chez tous les végétaux aquatiques et terrestres. Ce pigment, situé dans les chloroplastes des cellules végétales, intervient dans la photosynthèse pour intercepter l'énergie lumineuse, première étape dans la conversion de cette énergie en énergie chimique....
et activité chlorophyllienne et des outils pour les mesurer.
Depuis dix ans, les outils ont été adaptés à un grand nombre de cultures, en particulier les céréales à paille. Dans le même temps, le fractionnement des apports d'azote s'est généralisé, permettant ainsi les pratiques d'ajustement de la dose en cours de culture.
Les outils sont utilisables par l'agriculteur lui-même, par un groupe d'agriculteurs avec leur techniciens - la réponse est assez rapide, voire immédiate - ou bien selon un système d'abonnement (prise de vues par satellite) et le conseil est distribué à la date jugée opportune.
Leur coût reste faible au regard des économies qu'ils permettent de réaliser. Certains ne coûtent que du temps pour la mise en œuvreIls intéressent un nombre toujours plus grand d'agriculteurs.
En fonction des variétés et des utilisations des céréales l'objectif peut être soit d'obtenir une teneur en protéines suffisante (11-12% en blés panifiables, 13-14% en blés durs et blés améliorants) soit au contraire de ne pas dépasser un seuil de 10,5 à 11% pour les blés biscuitiers.
Le pilotage de l'azote au 3ème ou au 4ème apport est nécessaire pour s'approcher de la teneur en protéines souhaitée sans pénaliser le rendement.
Cas des blés améliorants et du blé dur
Le besoin total en azote se calcule à partir de l'objectif de rendement et du besoin unitaire du blé en azote qui se situe autour de 3,5 – 3,6kg par quintal produit.
Le fractionnement est ici systématiquement en 4 apports car l'objectif de teneur en protéines est primordial.
De même le pilotage est une pratique efficace pour sécuriser l'atteinte des objectifs élevés de teneur en protéines.
P & K
Au printemps, le blé peut prélever jusqu'à 6kg de potassium et 1 kg de phosphore par hectare et par jour. Le blé tendre est toutefois considéré comme peu exigeant en P et en K sauf derrière un précédent blé où il est considéré comme moyennement exigeant vis-à-vis du phosphore.
Recommandations d'apport en P & K selon la méthode COMIFERCOMIFERDéfinition: Comité français d'études et de développement de la Fertilisation raisonnée...
2009
Exemple d'un blé tendre assolé pour un objectif de 80q/ha
Réserves du sol | Sol peu pourvu | Sol correctement pourvu | Sol très bien pourvu | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Passé de fertilisation |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport régulier |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport régulier |
En kg de P2O5/ha |
83 | 68 | 52 | 0 | 0 | 0 |
En kg de P/ha | 36 | 30 | 23 | 0 | 0 | 0 |
En kg de K2O/ha | 48 | 48 | 40 | 0 | 0 | 0 |
En kg de K/ha | 40 | 40 | 33 | 0 | 0 | 0 |
Exemple d'un blé tendre précédent blé pour un objectif de 80q/ha
Réserves du sol | Sol peu pourvu | Sol correctement pourvu | Sol très bien pourvu | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Passé de fertilisation |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport régulier |
Pas d'apport depuis 2 ans |
Apport régulier |
En kg de P2O5/ha |
104 | 83 | 62 | 0 | 0 | 0 |
En kg de P/ha | 45 | 36 | 27 | 0 | 0 | 0 |
En kg de K2O/ha | 48 | 48 | 40 | 0 | 0 | 0 |
En kg de K/ha | 40 | 40 | 33 | 0 | 0 | 0 |
Pratiques de fertilisation
Azote
Le premier apport est généralement effectué au stade «tallage» ce qui correspond dans la plupart des régions à la sortie de l'hiver. Il se limite généralement à 40-60 kg N/ha car les besoins du blé en sortie d'hiver sont assez faibles et les apports les plus précoces sont les moins biens valorisés. Cet apport permet de maintenir l'alimentation azotée de la culture jusqu'au moment du 2ème apport. Il peut néanmoins être retardé, voire annulé, si les fournitures d'azote sont suffisantes.
Le deuxième apport d'azote doit être positionné juste avant le début de la montaison, phase durant laquelle la production de biomasse et l'absorption d'azote sont les plus importantes. (entre les stades « 2 nœuds » et « gonflement », le blé peut absorber jusqu'à 7 kg d'azote par hectare et par jour). Il est tout à fait intéressant de le positionner avant une période pluvieuse. Cet apport peut être fractionné en deux, une part au stade « épi 1 cm » et l'autre au stade « 2 nœuds ».
Enfin, le dernier apport est réalisé généralement entre les « 2 nœuds » et « gonflement ». Il sert à poursuivre l'alimentation azotée du grain dans un but de production et augmenter sa teneur en protéines. Un apport de l'ordre de 40 à 80 unités améliore la teneur en protéine des grains de 0,3 à 0,5%.
L'ajustement du fractionnement peut être efficacement géré par les outils de pilotage présents sur le marché.
Outils de pilotage et ajustement possible des derniers apports (rubrique à venir)
Effet de la forme de l'engrais azoté
A dose totale identique la forme ammonitrate permet un gain moyen de rendement et de protéines par rapport à la forme « solution azotée liquide » : +2 à + 4 q/ha selon le type de sol (calcaire ou non) et +0.6-0.8 % protéines. (L'ajustement de la dose totale d'azote en solution azotée ne permet pas de gommer complètement ces écarts dus aux pertes par volatilisationvolatilisationDéfinition: Perte d’azote, à partir du sol ou d’une matière fertilisante, par dégagement direct dans l’atmosphère de N2, d’oxyde d’azote ou d’ammoniac....
très dépendantes des conditions de sol et climat).
Cette supériorité s'exprime également spécifiquement pour l'apport de fin montaison - gonflement : +0.4 % de protéines en faveur de l'ammonitrate (source : Arvalis 2013).
La série de 10 années d'essais menée par UNIFA a mis en évidence une supériorité moyenne de 1,4q/ha et de 0,3% de protéines en faveur de l'ammonitrate par rapport à l'urée. Cet avantage se porte à 2,7q/ha dans la comparaison d'une utilisation répétée du même engrais.
Si le choix de l'urée/solution azotée est retenu en fonction d'un coût plus faible pour l'agriculteur, il convient de limiter les pertes d'azote en évitant les conditions qui favorisent la volatilisationvolatilisationDéfinition: Perte d’azote, à partir du sol ou d’une matière fertilisante, par dégagement direct dans l’atmosphère de N2, d’oxyde d’azote ou d’ammoniac....
probablement à l'origine d'une partie des différences constatées.
L'azote foliaire est une solution intéressante pour un apport très tardif, stade « floraison ». Il met en jeu une faible quantité d'azote (environ 20kg/ha) et permet un gain de protéines. Cet apport se gère dans le cadre de la dose totale d'azote, il est valorisé même en l'absence de précipitation.
Soufre
Dans les situations à risque (sols filtrants, pluviométrie hivernale importante …) un apport de 40 kg/ha SO3 est recommandé. La seule forme possible est la forme sulfate. Cet apport peut être couplé à l'azote
P, K, Mg
La fertilisation P & K peut être apportée avant le labour sous forme d'éléments simples ou composés PK, PKMg.
Le coût élevé de l'azote peut inciter à faire des économies sur les autres engrais. En réalité, un apport régulier en P et K permet de mieux valoriser l'azote et d'obtenir des rendements plus élevés. L'exigence des cultures doit être croisée avec la capacité du sol à alimenter les plantes.
Dans les situations difficiles en fin d'hiver (températures froides, hydromorphiehydromorphieDéfinition: Évolution d'un sol, dépendant du régime hydrique, marqué par un engorgement, au moins saisonnier, de certains horizons ou du profil entier, provoquant une privation d'oxygène....
temporaire), le phosphore peut être associé efficacement à l'azote. La grande variété d'équilibres NP disponibles permet de trouver la solution adaptée à chaque situation.
En situation de sol peu pourvu en magnésium échangeable, un apport de 30 à 50 kg/ha environ est conseillé. Il peut être fait avec un engrais minéral contenant du magnésium ou avec un amendement basique contenant du magnésium pour les sols acides.
Oligo-éléments
Les carencecarenceDéfinition: Absence, présence insuffisante ou défaut d’assimilabilité d’un élément indispensable à la vie végétale. On distingue habituellement : carence vraie et carence conditionnée ou induite....
s vraies en oligoéléments (par manque de l'élément dans le sol) sont observées sur des sols sableux développées sur des roches mères pauvres (grès, granite riche en quartz, sables sédimentaires). On observe plus souvent des carencecarenceDéfinition: Absence, présence insuffisante ou défaut d’assimilabilité d’un élément indispensable à la vie végétale. On distingue habituellement : carence vraie et carence conditionnée ou induite....
s induites.
Manganèse
Les sols argileux à pHpHDéfinition: Notation qui rend compte de la concentration en ions H+ du milieu et désigne ainsi le caractère très acide (pH 4 à 5,5), acide (5,5 à 6,8), neutre (6,8 à 7,2) ou alcalin (supérieur à 7,2) d’un sol....
basique et riches en matières organiques ou les anciennes prairies, peuvent induire des carencecarenceDéfinition: Absence, présence insuffisante ou défaut d’assimilabilité d’un élément indispensable à la vie végétale. On distingue habituellement : carence vraie et carence conditionnée ou induite....
s en manganèse, tout comme les sols soufflés (en sortie d'hiver en cas de gel puis dégel). L'une des solutions peut être de rappuyer le sol en passant avec un rouleau.
Cuivre
Pour le cuivre, les symptômes apparaissent surtout à la sortie de l'hiver, par ronds irréguliers. Seules les jeunes feuilles sont atteintes : étranglement puis dessèchement de l'extrémité : maladie des « bouts blancs ».
L'apport de cuivre se réalise de préférence au sol, durant le tallage, à la dose de 5 kg/ha de cuivre (sulfate ou oxychlorure), ce qui assure un niveau de fertilité satisfaisant pour une durée de 5 à 10 ans sur l'ensemble de la rotation. Attention, il est inutile voire dangereux de répéter de tels apports chaque année.
Quelques symptômes de carencecarenceDéfinition: Absence, présence insuffisante ou défaut d’assimilabilité d’un élément indispensable à la vie végétale. On distingue habituellement : carence vraie et carence conditionnée ou induite....
s
Fiche FERTI-Pratiques n°01 céréales-colza P&K